KENNY WAYNE SHEPHERD BAND:Straighy To You (2020
CD / BLU-RAY )

Que vaut donc le dernier pack cd/DVD du concert de Kenny Wayne Shepherd au Rockpalast? J’essaierai de répondre à cette question le plus objectivement possible. Les fans du guitariste louisianais peuvent acheter cet album les yeux fermés. Kenny Wayne est toujours au top de sa forme. Son jeu est toujours aussi inspiré et son style demeure incisif. Son admiration pour Stevie Ray Vaughan se ressent dans bon nombre de ses solos et jusque dans le chapeau qui orne son crâne. D’ailleurs, Chris Layton (l’ancien batteur de Stevie Ray) assure derrière les fûts tout au long de ce concert et Kenny Wayne reprend en fin de show « Voodoo child » à la manière du Fils d’Austin. En résumé, rien à redire. Enfin, presque… Je vais maintenant émettre un avis personnel qui n’engage que moi. Où est passé le Kenny Wayne Shepherd qui faisait danser la foule en reprenant « The house is rockin’ » et qui balançait sa guitare comme seuls les vrais héros savent le faire ? Qu’est devenu le Kenny Wayne Shepherd qui nous avait tellement émus avec le chef d’œuvre « Lay it on down » ? Il est vrai que c’était difficile de faire mieux après un tel coup de maître. Tous ces titres au tempo médium et lourdaud se révèlent assez ennuyeux (« Woman like you », « Long time runnin’ », « I want you », « Turn to stone », « Blue on black »). Heureusement que les solos ravageurs de Kenny Wayne enjolivent le tout. Mais quand même ! Pas un seul rock’n’roll digne de ce nom ! Et que dire du format choisi ? Avait-on besoin d’un saxophone et d’une trompette ? Encore une fois, je trouve que ce type d’arrangement nuit à l’efficacité et à la rugosité des morceaux. Bien sûr, il y a quand même du Texas blues (« Talk to me baby », le rapide et costaud « Down for love »), du shuffle (« I’m a king bee »), du blues lent surplombé par l’ombre de Stevie Ray (« Shame, shame, shame ») et une belle ballade bluesy où la guitare de Kenny Wayne déborde de feeling. Je n’oublie pas non plus la démonstration technique incandescente alliée à l’émotion sur « Voodoo child » (avec toujours ces instruments à vent qui surprennent sur ce titre et même qui dérangent). C’est sûr, Kenny Wayne carbure à fond ! Mais après avoir visionné ce concert, je trouve qu’il manque quand même quelque chose. Personnellement, j’ai été un peu déçu. J’ai l’impression d’avoir perdu le Kenny Wayne Shepherd d’autrefois. Là, il s’est un peu assagi mais je le préférais plus sauvage. Maintenant, je serai sans doute le seul à formuler quelques critiques sur cette réalisation qui satisfera tous les amateurs de rock et de blues. Quand un musicien calme le jeu et donne dans le tempo moyen, on dit qu’il a gagné en maturité. Pour Kenny Wayne Shepherd, ce n’est plus un gain, c’est carrément le jackpot au casino. Back to wild rock’n’roll !

Olivier Aubry